mercredi 12 octobre 2011

Journal (1918-1920) (Nelly Ptachkina)


http://ecx.images-amazon.com/images/I/41MCNCfARgL._SL500_AA300_.jpgLu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
 
C'est d'abord l'histoire de cette jeune fille qui m'a intriguée. Morte très jeune, elle avait quand même eu le temps d'écrire un journal pendant 2 ans, journal qui a su séduire Joseph Kessel (tout de même!) mais aussi (plus récemment) les éditions des Syrtes. En outre, j'ai une grande fan de littérature russe dans la famille. Et surtout c'était un mini-challenge pour moi de lire un essai/document car je n'en lis jamais.
 
Je n'ai pas été déçue. Je suis immédiatement entrée dans ce journal. L'érudition et la finesse de Nelly m'ont scotchée. A 14 ans, elle pourrait en remontrer à bien des philosophes. Et à bien des pédagogues! Elle est toujours très claire. N'est jamais pédante. On comprend sans peine ce qu'elle veut dire, même si c'est parfois très poussé. Comme avec Kundera, on a l'impression de gagner en QI et d'être très intelligent, ce qui, pour moi, est vraiment le signe d'une grande pédagogie.
 
Les thèmes abordés sont vraiment intéressants : l'opposition entre la grande Histoire et l'histoire personnel, la révolution russe, le théâtre russe. Grâce à Nelly, tout cela devient passionnant. On a envie d'en apprendre plus et de réfléchir à tout cela.
 
J'ai aussi adoré suivre l'évolution de Nelly. Ses idées changent. Elle découvre le monde et les gens. Elle grandit, tout simplement, et c'est magnifique! On s'attache vraiment à elle. On aurait aimé la suivre plus longtemps. C'est bouleversant de voir tous les rêves qu'elle avait et qu'elle n'a pas pu réaliser. Plusieurs fois elle parle de l'abîme de manière réellement prophétique.
 
Grâce à Nelly, j'ai envie de lire d'autres documents. Je me suis régalée et je n'oublierai pas de si tôt cette jeune fille.
 
Un grand merci aux éditions des Syrtes et bien sûr à Babelio!
 
Résumé : 25 juillet 1920, Nelly Ptachkina tombait dans la cascade du Dard, au pied du Mont-Blanc. Elle avait dix-sept ans et laissait un journal, édité ensuite par sa mère, dans les années 1920. Joseph Kessel en publia des extraits dans ses Souvenirs d'un commissaire rouge. Le Journal (1918-1920) recouvre la chronologie de la guerre civile depuis son déclenchement jusqu'aux débuts des conflits russo-polonais, lesquels entraîneront la guerre soviéto-polonaise. Mue essentiellement par la nécessité d'une introspection liée à la construction de sa personne, Nelly utilise ses notes pour rédiger de véritables "rapports" sur son état intérieur face à ces complexes bouleversements historiques. Elle ignore alors, mais plus pour très longtemps, que vivre et s'observer, pour elle, sera synonyme de se penser comme témoin historique. D'une maturité peu commune et d'une indépendance d'esprit absolue, Nelly, dont la personnalité est peu à peu façonnée par la présence constante de la mort et la perspective de la destruction du monde familier, reste cependant attachée à une Russie dont elle n'a pas encore compris ni accepté la disparition. Mais, face aux pogroms qui déchirent l'Ukraine et à l'explosion de la violence, l'émigration devient salut, même si c'est le coeur lourd qu'elle se sépare des paysages familiers. Images vues comme à travers le trou de la serrure, de façon parcellaire, fragmentée, floue: c'est ainsi que la révolution et la guerre civile apparaissent à un individu isolé, aux familles jetées dans la tourmente et, à plus forte raison, à une adolescente pensant son devenir dans un monde déstructuré. Mais l'acte de l'écriture implique une volonté magistrale : c'est de cette volonté que Nelly sera porteuse, érigeant la vie privée en acte de résistance et l'écriture de soi en un document contribuant à l'élaboration d'une micro-histoire du XXe siècle.
 


6 commentaires:


  1. Je note ! J'ai comme l'impression que je pourrais adorer ce livre !


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  2. Tout à fait le genre de livre assez rare qu"il me plait d'essayer de temps en temps!
    Et je n'ai toujours pas reçu le livre babelio, pas sur que je remercie l'éditeur! ^_^


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  3. Je ne suis pas contre quelques points de Q.I supplémentaires, mais avec un autre sujet ! Cette époque et cette région du monde n'exercent pas une fascination sur moi.


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  4. Ah oui, quand même! ça fait un bon moment!



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  5. Si un jour tu as l'occasion, c'est vraiment bien!



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